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Vivons curieux !

1 avril 2014

Canine, un film de Yorgos Lanthimos

Source: Externe

Prix Un certain regard du Festival de Cannes en 2009, le dernier film de Yorgos Lanthimos porte haut et fort sa récompense. Ce prix a pour vocation de mettre en avant un cinéma atypique. Canine ne déroge pas à la règle.

Un père, une mère et leurs trois enfants vivant dans une maison en pleine campagne. L’image n’est pas nouvelle pourtant dès le premier plan du film on devine que cette famille n’a rien en commun avec les autres. Le père qui gère une petite entreprise est le seul à pouvoir sortir de chez eux. La mère et les enfants vivent reclus dans leur maison qui ne donne aucun vis-à-vis sur l’extérieur. Les enfants ne sont jamais sortis de la résidence familiale. Pour eux, une autoroute est un vent violent, un zombie une petite fleur jaune, un chat une créature féroce capable de déchiqueter un être humain. Ces enfants ont été élevés et éduqués selon les principes et les normes de leurs parents. Aucune influence du monde extérieur ne vient perturber cette famille singulière, à l’exception de Christina, l’agent de sécurité de l’entreprise du père. La seule à pouvoir pénétrer dans leur maison pour assouvir les besoins sexuels du fils.

A la manière du film Home de Ursula Meier, Yorgos Lanthimos plonge son spectateur dans l’univers oppressant d’un huit-clos familial et pose ces questions qui dérangent, celles qui repoussent à l’extrême les limites de la morale et des mœurs. À vouloir leur bien-être et assurer leur sécurité, peut-on indéfiniment garder chez-soi ses propres enfants ? Quand une relation commence et cesse t-elle d’être incestueuse ? Est-il légitime de refuser toute influence du monde extérieur ? L’indépendance d’un enfant peut-elle se soustraire à la volonté de son géniteur ? Le talent du réalisateur repose sur sa capacité à déstructurer une norme et à en restructurer une autre pour mieux les détruire. On ne peut s’interroger sur le sens de ces règles que la société nous impose qu’en confrontant deux préceptes aux valeurs opposées. Yorgos Lanthimos invite son spectateur à  redéfinir sa propre frontière du Bien et du Mal, cette limite à  géométrie variable.

Vous l’aurez compris, Canine n’est pas un film à mettre entre toutes les mains. Il s’adresse à un public averti, soucieux de  s’interroger sur la société dans laquelle il vit. Un pari risqué mais réussi. On ne sort pas indemne de ce long-métrage. Le moins que l’on puisse dire c’est que Canine est de ce genre de film qui a le mérite d’avoir du mordant.

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